Marie-Thérèse Jouve
Marie-Thérèse est la benjamine, l'artiste de la famille.
Elle dessine, peint, compose des gravures à l'eau-forte très souvent des vues de Cavaillon.
Elle possède un diplôme d'institutrice, a le goût pour l'étude, un talent pour collectionner mentions et objets intéressants. Elle découvre, avec Auguste, la photographie.
Elle possède un diplôme d'institutrice, a le goût pour l'étude, un talent pour collectionner mentions et objets intéressants. Elle découvre, avec Auguste, la photographie.
27 novembre 1894, Marie-Thérèse à Michel : « Auguste continue a s'intéresser à la photographie. Je me joins à lui pour faire venir quelques articles à ce sujet, car je souffre de voir la peine avec laquelle il me délivre quelques plaques ou quelques feuilles. Quel avare ! »
Durant cette période, la photographie va atteindre son apogée, en effet depuis les débuts du second Empire, les familles aisées possèdent ce nouveau support, merveilleux témoin de l'histoire.
Pour les Jouve, la photographie est avant tout au service du patrimoine architectural et naturel.
Marie-Thérèse photographie, par exemple, une fenêtre à meneaux qui va être démolie rue des Taillades.
« La jolie fenêtre à meneaux de l'ancien Cercle de l'Indépendance, côté rue des Taillades va disparaître. A l'endroit de cette cour, le propriétaire bâtit des bicoques et démolit toutes les fenêtres à meneaux qui ornaient les murs. Je suis arrivée à temps pour photographier la plus importante, celle qui porte une date et un écusson (celui des d'Agoult, d'après M. Bayle). Quant à la date, j'eusse été tentée de lire 1158 mais comme c'est du gotique... tes académiciens ne seront pas embarrassés en leur montrant ce croquis. Les démarches que j'ai du faire pour cette photographie n'ont pas été perdues, car le propriétaire modifiant un peu son plan, a décidé de ne pas la démolir ; elle sera à moitié enfermée dans une terrasse couverte que l'on élève à cet endroit, mais elle existera. »
Marie-Thérèse écrira à Michel : « plus éprise que toi des monuments, j'admets qu'on les achète, qu'on les conserve pour eux-mêmes, comme on soigne un objet mobilier de pure décoration, car les monuments sont le mobilier d'une ville ».
Le 24 mai 1912, Marie-Thérèse à Michel :
« Je fais de bonnes stations chaque jour, au chantier du presbytère et prends des photos. C'est attrayant la démolition d'une vieille maison, on a toujours l'espoir d'une découverte. »
Pour préserver, ne pouvant tout acheter, les Jouve intensifient les prises de vues et se rapprochent de Léon Honoré Labande, conservateur du Musée Calvet à Avignon (de 1890 à 1906) et Inspecteur de la Société Française d'Archéologie.
Marie-Thérèse songe à préserver l'Ermitage Saint-Jacques,
« Il faudrait que Monsieur Labande le prenne sous sa protection, lui qui a étudié si longuement les ruines des chapelles dans le Gard, et qu'il le fasse classer » écrit elle à Michel.
En 1935, elle rencontre Henri Rolland qui vient de publier une étude héraldique sur les donatifs de l'Hôtel-Dieu de Cavaillon, elle désire le sensibiliser et lui montrer l'Hôtel-Dieu de Cavaillon. Elle rencontre également Pierre Brun, Directeur des fouilles de Glanum, pour le questionner sur le mobilier funéraire d'une sépulture gallo-romaine.
Marie-Thérèse portera seule le flambeau des Jouve à la fin de sa vie, ses deux frères ayant disparu en 1924 (Michel) et en 1936 (Auguste).
Véritable gardienne de tout ce patrimoine de Cavaillon, elle se bat pour maintenir en état et protéger ses différents monuments et objets les plus divers.
Elle dirigera, juste avant de s'éteindre, le 8 Février 1938, l'installation du musée Lapidaire dans la chapelle de l'Hôtel-Dieu.